Ryd de Kaïbert (hé si !)

On pouvait pas le laisser dans l'oubli ce vieux Ryd non ? Lâchez vos commentaires et si ça vous plaît, il y aura sans doute une suite à l'aventure !

Ryd de Kaïbert

Chapitre 1 : La traque

Le garçon tremblait de tous ses membres. Caché dans un fourré, il n’avait pas la force de se retourner pour contempler les corps démembrés de ceux qui avaient été sa famille. La scène n’avait duré qu’une poignée de secondes. A l’heure du souper, ils étaient encore une famille. Il y avait des rires, la voix grave de son père et les soupirs de sa mère. Et puis tout ça été arrivé et leur avait arraché leur bonheur en même temps que leur vie.

« Ça va petit ? »

L’enfant leva les yeux vers la personne qui se tenait devant lui et qu’il n’avait même pas entendu approcher. Dans la pénombre il ne distinguait qu’une silhouette longiligne drapée dans une cape de soie sombre. L’homme dissimulait son visage derrière un masque d’ivoire finement gravé. Ses cheveux noirs de jais tombaient en mèche plate sur ses épaules sauf là où ils étaient noués en petites tresses décorées de perles. Les yeux sombres, à moitié cachés par le masque inexpressif, étaient posés sur le garçon.

« Es tu blessé ? »

La voix était ferme et grave. L’enfant resta assis, tentant de fixer son interlocuteur. Maintenant il savait ce qu’il voyait. Devant lui se dressait un elfe cynwäll. Sur son épaule gauche, une tête de dragon argenté luisait sous la lune. Le garçon voulu parler mais sa gorge se noua. L’elfe sembla comprendre sa détresse et s’agenouilla avant de le saisir par les épaules.

« C’est fini maintenant petit. Raconte moi ce qui c’est passé ici. »

Comme si un barrage venait de céder, les mots jaillirent de la bouche de l’enfant. Il raconta d’une traite comment sa famille avait été massacrée, comme si il recrachait le venin insidieux qui s’était infiltré dans son corps.

Des spectres, c’étaient des spectres.

Ils avaient fondu sur leur charrette en chantant. Non, en sifflant. Ils sifflaient un petit air grinçant et presque joyeux au moment où leurs poignards s’étaient enfoncés dans la poitrine de ses parents. Sa mère leur avait hurlé de fuir. Il avait saisit sa petite sœur par la main et avait obéit. Mais la poupée de la petite fille, un cadeau qu’il lui avait lui-même offert, était tombée et elle avait fait demi-tour pour la récupérer. Elle était morte, égorgée.

L’elfe regarda longuement l’enfant dans les yeux. Un regard intense et brillant qui était perceptible même derrière le rempart d’ivoire. Puis il prit la parole :

« T’as les boules, hein ? »

Le jeune humain voulut répondre mais sa bouche refusa de bouger. L’elfe se redressa.

« Hé, Nelphie viens voir ! Il a les boules ! Elles sont énormes ! Grosses comme des boules de Wolfens ! Tain tu verrais sa tronche tu serais pliée ! Allez viens !
-T’es vraiment trop con des fois, Ryd. »

L’enfant fit volte-face pour découvrir celle qui venait de parler. A n’en pas douter c’était une elfe elle aussi. Elle était négligemment appuyée contre un chêne, avec une pose aguichante et pourtant si naturelle. Sa combinaison de cuir noir moulait ses formes parfaites et ses longs cheveux platines tombaient jusqu’à son opulente poitrine sauf là où ils étaient tirés en arrière par une longue queue de cheval. Son visage était lui aussi dissimulé sous un masque noir. Une larme d’argent scintillait sous l’œil droit.

« T’es trop sérieuse Nelphie ! s’indigna son compagnon. Tu devrais rire plus souvent, tu serais plus mignonne.
-Il n’y a rien d’amusant dans ce que tu fais Ryd.
-Et c’est reparti. On peut pas se moquer du malheur des autres ?
-Bien sûr que si, c’est juste que tes plaisanteries sont comme les écorcheurs de Mid-Nor.
-C'est-à-dire ?
-Ridicules et pitoyables.
-Gnagnagna. Parce que tes comparaisons à deux klûs sont drôles peut-être ?
-Le singe qui rigole derrière l’arbre d’où dépasse son gros cucul est un bouddha. »

Les deux compagnons cessèrent leurs chamailleries pour se tourner vers la troisième personne qui venait d’entrer dans la clairière. Celui-ci était un moine, un équanime. Vêtu d’une simple jupe noire, ses jambes et ses bras étaient recouverts de plaques métalliques. Son torse nu et musculeux arborait d’innombrables tatouages mouvants qui donnaient à son corps l’allure d’une toile vivante. Son masque, nacré et lisse, épousait son crâne et suivait la courbe de sa nuque jusqu’aux épaules avant de remonter brutalement. Là, il relâchait les cheveux bruns tressés en dreadlocks qui tombaient harmonieusement entre les omoplates du moine.

L’elfe passa devant l’enfant et s’agenouilla pour prier les morts. Puis, en silence, il s’engagea dans la forêt, sur les traces des spectres.

Ryd regarda sa compagne.

« On lui avait bien confisqué son teuch, non ?
-Bien sûr que oui, tu sais bien comment il est quand il est stone.
-Et là, tu vas pas me dire qu’il est clean !
-Il semblerait.
-Tain, mais c’est un lavage de cerveau en règle les fratries équanimes !
-On leur apprend surtout à profiter de toutes les occasions et à être en osmose avec leur environnement je crois. »

Les deux elfes s’entre regardèrent, puis ils tournèrent la tête vers la forêt avant de rejoindre à nouveaux leur regard.

« Osmose avec l’environnement… commença Ryd.
-…dans une forêt… continua Nelphilÿm.
-DES CHAMPIGNONS HALLUCINOGENES ! S’écrièrent simultanément les deux compagnons.
-Vite Nelphie ! Fonce le rattraper, dans cet état il est capable d’aller copiner avec un troll ! »

L’elfe opina et parti en courant sur les traces de l’équanime. Ryd regarda un instant la lune puis se tourna vers le garçon.

« Bon bein, j’vais y aller comme on dit. A la revoyure, ce genre de trucs.
-Attendez ! Qu’est ce que je fais moi ?
-Chais pas… En fait j’m’en tape.
-Emmenez moi avec vous !
-Chais pas… Tu sais te battre ?
-Non, avoua le garçon.
-Tu ne seras pas utile alors.
-S’il vous plaît ! »

L’elfe sembla réfléchir un instant, puis il sembla avoir une idée.

« OK, je pense que tu peux venir avec nous et…
-Ryd ! Non ! »

C’était Nelphilÿm qui venait de revenir. Derrière elle, un Shonhïm entrait en communion avec la nature par une discussion hautement philosophique avec une fougère. L’elfe fixait Ryd d’un regard sévère.

« Quoi encore ! J’ai rien dit !
-Tu ne peux pas faire ça, Ryd.
-Mais pourquoi ? Il est volontaire !
-Non, Ryd.
-Mais c’est un Barhan ! Les paladins ils font ça sans broncher, ils ont ça dans le sang !
-Peut-être mais je te rappelle que l’alignement cynwäll c’est loyal-bon.
-Et alors ?
-Et alors les loyal-good n’utilisent pas les gosses pour faire appât !
-Pff, t’es pas drôle, ronchonna l’elfe.
-Qu’est ce que je fais alors ? demanda l’enfant »

Ryd se tourna vers lui et fini par lâcher :

« Tu dois oublier le passé, il n’existe plus. Enterre le ici, avec les tiens. Ensuite tu marcheras jusqu’au prochain village. Là, tu apprendras à te battre. Tu vas en chier mais tu devras persévérer. Cultive ton art de la guerre et ta haine envers les séides des ténèbres et un jour peut-être, si tu t’en montres digne, je viendrais te chercher pour que tu combattes à mes côtés.
-A vos côtés ? s’indigna le Lion. Et puis quoi encore ! Vous avez vu comment vous êtes ? Zêtes qu’un gros bâtard !

L’elfe se porta à hauteur de l’enfant et écarta un pan de sa cape pour dévoiler les écailles qui recouvrait son bras droit. La serre de dragon frémit au contact d’un rayon de lune. Des milliers d’écailles courraient le long du bras mince jusqu’à laisser place à une main argentée dont les doigts se terminaient par des griffes fines et acérées.

« Vois ce bras, jeune Lion. Il s’appelle le Déchyrion, il mêle conscience et métal. Ainsi parle la magie des Cynwälls. Ce bras a servi à Kaïber, là où tes pères sont morts pour contenir les légions démoniaques. Je suis peut-être un gros bâtard mais il y a une différence entre les salopards de base et moi et tu sais qu’est ce que c’est ? »

Le garçon fit non de la tête.

« La classe gamin. Tout est dans le style, le panache et la classe ! Peu importe les conneries que tu fais, les atrocités que tu commets. Toutes tes actions te seront pardonnées si tu es suffisamment stylé. »

Le jeune Barhan fixa l’elfe d’un regard ahuri.

« C’est complètement débile.
-Ahaha, encore un aveugle, fit Ryd en ébouriffant les cheveux de l’enfant. Joue à Final Fantasy 7, regarde Sephiroth, contemple le nombre de fans qu’il a et tu comprendras.
-Vous êtes vraiment sérieux là ?
-J’ai eu un frère comme toi, gamin. Tout aussi aveugle et il est mort.
-Comment ?
-Ça, ça te regarde pas gamin, rétorqua l’elfe sur un ton dur. Tu lui ressembles, c’est tout.
-Je vais mourir comme lui ?
-C’est probable. Maintenant tu m’excuseras mais je suis un héros, et c’est un métier qui a certaines obligations comme aller tuer des méchants. N’oublie jamais, la classe avant tout ! »

Et sur un signe de main, l’elfe disparut dans les ténèbres de ma nuit.

Mdr tres sympa!
Mention spécial pour le "Déchyrion"...C'est bien dans l'esprit de l'objet.

J'aime beaucoup.
Il parait que ça résume bien le caractère de Syd...

C'est pas mal...

Disons que ça se lit bien et que la touche d'humour est bienvenue.
Cependant ça reste court et j'ai un peu de mal à accrocher à "Ryd".

Enfin, bonne continuation !

Allmoon, qui attend la suite.

Mon perso préféré reste quand même le Soïm version shooté!

C'est vrai qu'en fin de compte, être en harmonie avec la nature...c'est savoir l'apprécier sous toutes ses formes!

ecthélion a écrit:

J'aime beaucoup.
Il parait que ça résume bien le caractère de Syd...

Hmm assez bien effectivement...

Et c'est vrai que le Soim est excellent...Je le verrait bien coincé sur ses tatouages qui bougent apres un grosse prises de produits illicites...

Je ne pense pas que Syd et Ryd soient si proches que ça...

Syd est plus "rongé" par sa rancoeur et les reproches qu'il se fait à lui même et à son père que froid et moqueur comme Ryd.
Je pense en fait qu'ils sont bien différents.

Allmoon.

Hmm disons qu'ils sont tout les deux aussi antipatique...
A mes yeux, Syd, tel que décrit dans la faille, c'est le Dawson de confront...

Y'a du vrai dans ce que tu dis...

Allmoon.

Voilà la suite (oui je suis lent, je sais) de notre elfe si smart et si classe. Attention, y a de l'action ! En espérant que ça vous plaise.

Chapitre 2 : Style, gloire et 453 casualty

La forêt s’achevait à moins de trois cent mètres des côtes. Au-delà s’étendait la lande, usée par les vents du large et semée de broussailles rachitiques. L’auberge du Singe Triboule s’élevait sur un piton rocheux rongé par le sel. Au fil des années, les clients, le plus souvent des artisans qui longeaient la côte pour vendre leurs produits dans les petits ports de pêche et les bergers du coin, avaient déserté la vieille bâtisse. L’effondrement de l’écurie et l’affaire du sodomisateur de brebis avaient porté le coup de grâce. Prune, la propriétaire, avait du indemniser les clients mécontents en vendant ses derniers bijoux. Ruinée et dégoûtée de la connerie humaine, Prune attendait la fin comme un capitaine sur son navire.

L’auberge serait leur tombeau, à elle et à Pupute. Pupute était une vieille chienne maintenant, comme sa maîtresse, mais avant, elle était un magnifique berger des béhémoth, une race de chien aussi mignonne qu’un phacochère et doté d’un caractère sensiblement identique.

Tout de même, songeait Prune en montant l’escalier, percluse de rhumatismes, il y avait une époque pas si lointaine où la place manquait, où les clients lui collaient des mains aux fesses, où Pupute se chargeait des soudards et où la vie était belle. Fichu sodomisateur de brebis… Passe encore qu’il aimasse faire ça avec du gravier, mais il aurait pu évité d’oublier ses lunettes et de ne pas confondre brebis et berger, même si celui-ci était rondouillard et frisé.

Soudain, elle entendit un craquement. Que la vieille auberge craque n’était pas un phénomène étrange en soit, mais là, c’était un craquement sinistre. Et il provenait du premier étage. Prudemment, Prune rejoignit le palier et s’avança dans le couloir.

La pénombre s’anima. Dans son dos s’éleva un sifflement et son corps se mit à trembler. Elle entra dans la première chambre venue et referma la porte derrière elle. Le loquet verrouillé, elle recula vers le lit et comprit soudain que ce n’était pas seulement le bruit qui l’avait alerté, mais aussi l’odeur.

Comme le parfum d’une défroque moisie…

Un cri mourut sur ses lèvres quand la poignée tressauta. La porte vibra puis ce fut le silence. Puis, tout à coup, une vague fétide frappa Prune au visage. La vieille femme vit avec horreur une silhouette spectrale enveloppée dans ce qui ressemblait à un suaire traverser la porte fermée. Prune voulu reculer mais elle avait déjà atteint le mur. Ses épaules remuèrent, comme si ils voulaient s’enfoncer dans le vieux bois alors que la chose finissait de franchir la porte comme si elle n’existait pas.

La chose s’approcha de la vieille Barhanne. Elle sifflotait un petit air guilleret. Prune ne savait que faire. Le spectre fit tourner son couteau dans sa main puis remonta sa capuche sous les yeux de la vieille aubergiste. Celle-ci put apercevoir deux sphères rougeoyantes luisant dans l’ombre là où aurait du se trouver des yeux. Le mort-vivant leva son arme pour porter le coup fatal mais soudain, il lâcha son couteau. Les deux braises flamboyantes s’étrécirent en deux fentes, puis la chose se plia en deux, mettant ses mains spectrales au niveau de son entrejambe ectoplasmique et s’effondra doucement devant une vieille femme à l’expression déterminée. Prune saisit un lourd tisonnier et l’abattit avec force, mettant fin aux souffrances du spectre. Puis elle leva les yeux vers la porte et les sifflements.

« Maintenant, ça va chier ! »

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Les trois elfes s’étaient positionnés à la lisière de la forêt, à quelques mètres seulement de l’auberge. La vieille bâtisse constituait un cul-de-sac idéal pour achever une traque qui durait depuis trop longtemps maintenant.

Nelphilÿm s’approcha de Ryd. L’elfe avait le regard perdu sur la lande, la lune se reflétait sur les écailles de son bras mécanique. Un tableau divinement beau, c’est ce qu’aurait dit Nelphilÿm si elle ne connaissait pas Ryd depuis longtemps. Elle l’avait observé des nuits durant à s’entraîner pour trouver instinctivement la bonne pause. Là où d’autre recherchaient la fortune, la gloire ou encore la simple survie, Ryd cherchait la classe, encore et toujours.

« Tes ordres, Ryd ?
-Je vais entrer dans l’auberge pour débusquer ces montres et les obliger à sortir. Là, Shonhïm les explosera. Sinon, toi tu restes en soutien, on ne sait jamais. Je te confie nos derrières Nelphie.
-C’est arrière, Ryd, arrière.
-Peu importe. Bon, vous êtes prêts ?
-Tu n’as pas peur d’y aller seul avec une seule épée pour seule arme ?
-Qui te dis que j’y vais avec une épée ?
-Tu as bien une épée non ?
-Bien sûr que j’ai une épée ! Tous les héros ont une épée ! Une épée c’est smart ! C’est la classe incarnée !
-Alors ?
-Beeeeeein. C’est classe, c’est sûr, mais c’est pas avec une rapière que je vais éclater de la goule, alors j’y vais avec ce petit bijou. »

L’elfe écarta sa cape d’un geste théâtral. Le Déchyrion s’enfonça dans les ombres puis ressorti une masse imposante que Ryd leva vers la lune. C’était vraisemblablement une arme, quoiqu’il fut assez difficile d’en reconnaître une parmi l’amalgame. Une longue crosse d’ivoire, surmontée d’un pommeau d’argent, se prolongeait par ce qu’il semblait être deux longs fûts du diamètre d’un bras couverts de runes brillant sous le pouvoir du Solaris. Une gemme de lumière, pur cristal de lunalite, ressemblait à une petite étoile nichée entre les deux canons, à la base de la longue lame finement ciselée qui prolongeait démesurément l’arme.

« Ryd, demanda Nelphilÿm. Qu’est ce que c’est que cette chose ?
-Ignorante ! Tu as devant toi une merveille de la technologie ! Un Inquisition Executioner double shoot low range high velocity 453 casualty custom. Je l’ai fait modifier par mon pote Ogruuk de Cadwallon pour qu’il soit un peu plus puissant, puis je l’ai fait passer chez Quiew pour la gemme de lumière et les finitions chromes. Vingt mille Klûs que ça ma coûté mais je regrette pas ! Seize kilos de métal et de poudre pour châtier ces connards de suppôt des ténèbres. C’est le vieux Markus qui n’en reviendrait pas !
-En quoi Markus est impliqué là dedans ?
-Bah à la base, c’est une arme griffonne alors…
-Tu veux dire que c’est une arme de la loge de Hod modifiée ? Comment tu as eu ça ?
-Je l’ai empruntée à Markus.
-Empruntée ?
-Empruntée.
-Et il est au courant ?
-A l’heure qu’il est je crois que oui, il a dû remarquer l’absence de son arme quand il aura voulu flinguer un Hybrid et aura dégainé un jouet en bois.
-Je ne commenterai pas.
-Bon vieux Markus, je me demande comment il va.
-Il ira sans doute mieux quand il t’aura collé une balle entre les deux yeux. »

A ce moment, un hurlement déchirant coupa Ryd dans sa violente et classieuse réplique. Le leader de l’équipe se retourna avec grâce, la lune brillant naturellement sur l’argent de ses armes. Une vieille femme venait de sortir en courant de l’auberge en criant à l’aide.

« Holà la vieille, la héla Ryd. Ça va pas de gueuler aussi fort ?
-Sauvez ma fille Messire ! Des Spectres, ils ont capturé ma fille, mon enfant.
-Quoi ? Une jeune fille en danger ? Une princesse retenue dans un donjon par des forces maléfiques ? C’est ultra smart ! N’aie crainte ma brave, je la sauverai au péril de ma vie !
-C’est pas un donjon Ryd, c’est une auberge, et puis pour la fille je suis pas si sûre que…
-Ce que tu peux être rabat joie Nelphie. Joue la plus à la Fianna, comme Viraë. Sexy, charismatique et surtout muette.
-Je ne suis pas là pour la figuration Ryd.
-Tout à fait, occupe toi de Shonhïm, faut surtout pas qu’il tombe sur des crottes de lapin, il serait capable des les bouffer en croyant avoir trouvé des boulettes de shit. Bon, moi je vais sauver la jeune dame, observez, apprenez et soyez subjugués par mon charisme et ma classe. Allons y mamie, tu vas me montrer où est enfermée la gamine, j’ai pas envie de me taper tout le donjon moi. »

La porte principale n’était pas fermée. Ryd renifla, son nez délicat piqué par les relents de pourritures qui s’échappaient de l’entrebâillement. Le Déchyrion se contracta, les Ténèbres étaient proches. L’elfe poussa la porte de la pointe de son arme.

La salle commune était plongée dans le noir. Ryd demeura un instant immobile, tous les sens en alerte, le temps que ses yeux s’habituent à l’obscurité. Pour lui la peur n’était pas une émotion légitime. Un vrai héros n’a jamais peur, c’est inclus dans les équipements de séries avec l’épée et les dents étincelantes. Avoir peur c’est pas très smart et un héros se doit d’être smart à tout moment, même quand il est couvert de boue et en guenilles. Ryd était un héros, il le savait, il devait donc agir comme tel. « Connais toi toi-même et tu sauras qui tu es » lui avait déclaré Shonhïm quand Ryd avait adhéré à la voie de son ami, le Nin-Tua-Viet-Tao-Dao.

A pas feutrés et suivi de la vieille, il marcha jusqu’à une poutre de soutènement, s’y adossa et jeta un coup d’œil de chaque côté. Les spectres demeuraient invisibles mais la serre de dragon sentait leur présence. Son épine dorsale vibrait et tendait les muscles de son épaule, son doigt le démangeait. Les cuisines ne révélèrent rien de particulier sinon que les propriétaires ne connaissaient pas le terme d’équilibre alimentaire et les dangers du cholestérol. Ryd songea au petit resto New age qui avait ouvert récemment à Lanever, des salades à croquer. Après un examen furtif, plein de roulé boulé héroïques, l’elfe fut convaincu que les damnés avaient trouvé refuge dans les étages.

Il monta l’escalier grinçant, se colla contre le mur et tel un chat, se coula dans l’embrasure de la seule porte ouverte. Ryd jaillit brusquement dans la petite pièce qui se trouvait être les latrines de l’étage. Une grande forme noire se détachait du mur, fièrement campée sur ses pieds éthérés. C'était un de ces spectres sinistres, monstre cruel et sans coeur, qui donc se servait de la pièce à juste escient, car il urinait en sifflotant "la Marche Impériale". Entendant l’elfe, sa capuche se tourna et les ténèbres de son visage s’éclairèrent quand deux globes rouges s’enflammèrent. Puis une voix d’outre tombe cracha :

« C’est occupé ! »

Ryd s’excusa, fit un pas en arrière puis s’arrêta pour réfléchir à la situation. Ce fut bref, il tendit son arme et fit feu, arrachant la moitié de la tête du spectre dont la défroque s’affaissa doucement. La détonation attira les autres spectres. Ryd en plomba un à bout portant, faisant voler la forme désarticulée, un deuxième fut tranché en deux par l’épée auréolée de lumière tandis qu’un troisième finissait décapité. Il fallait agir vite, Ryd couru jusqu’à la dernière porte de l’étage (car tout le monde sait que les prisonniers sont toujours dans la dernière pièce) et l’ouvrit violemment, assommant par là même le spectre qui montait la garde.

L’elfe acheva le mort vivant et fouilla la pièce du regard. Il ne vit rien hormis un vieux cabot qui empestait encore plus que les spectres. La vieille, en revanche, était aux anges.

« Ma Pupute, ma fille ! Les Dieux soient loués, tu n’as rien.
-Attends la vieille, j’ai risqué ma vie pour un vieux clebs ?
-Pupute est la seule famille qui me reste !
-Merde de merde ! Comment je vais pouvoir mettre ça dans mon CV ? C’est encore pire que les flatulences de Mira où l’incontinence de Razheem. Ça te ruine une réputation illico si ça se sait.
-Je vous remercie monseigneur. Hélas je n’ai rien d’autre que mon corps pour vous remercier.
-M’en passerais, pour la bonnasse de service j’ai ce qu’il faut même si elle est aussi froide qu’un iceberg. Bon aller la vieille, on s’arrache vite fait. »

Ils repartirent par où ils étaient venus. Ils avaient atteint le bas des escaliers quand soudain, le dernier spectre jaillit des ombres pour les assaillir. Ryd se rendit compte avec effroi qu’il avait oublié de recharger son arme. Il para en catastrophe un premier coup, mais le second le fit tomber à terre. Le spectre victorieux sauta sur sa proie pour l’achever. Guerrier rompu à toutes les formes de combats depuis des années, Ryd réagit. Il agrippa la première chose qui lui tomba sous la main et la tira devant lui pour dévier le crève-cœur du damné.

Il y eut un choc sourd. Ryd ouvrit les yeux. La vieille aubergiste le regardait bizarrement. L’elfe ne comprit pas tout de suite pourquoi le regard plein de surprise et de regrets était aussi vitreux. Puis il réalisa que l’humaine était embrochée sur l’arme du mort vivant. Ryd lâcha son bouclier humain, se redressa, et marcha sur le spectre.

Le damné tentait désespérément d’ôter son arme du cadavre de la barhane, mais même dans la mort, cette dernière restait une chieuse de première.

« Hé ouais, lâcha mesquinement Ryd. Les vieilles carnes ça a la peau dure. Crève, pourriture achéronnienne pas smart ! »

L’Inquisition Executioner double shoot low range high velocity 453 casualty custom s’abattit avec force sur le mort vivant. Il y eut un bruit mat et une gerbe de sang. Dans les ténèbres de la capuche, un rictus cruel se dessina. D’un mouvement brusque, le spectre arracha son arme de son macabre carcan et jeta au loin les restes de Pupute. Ryd leva son arme, prêt à se battre. Soudain, la gemme de lumière enchâssée dans le Déchyrion s’éteignit, laissant la prothèse choir misérablement. L’elfe eut un drôle de sourire, peut-être une grimace.

Ryd atterrit dans la boue. Il chercha désespérément à se relever, mais la masse inerte du Déchyrion l’empêchait de trouver l’équilibre. Merde, jura-t-il, je savais que j’aurais dû refaire le plein ! Le Spectre se rua sur lui. Ryd chercha une échappatoire et n’en vit aucune. Impossible ! Il n’allait pas mourir ici ! il y avait encore tant d’aventures qui n’attendaient que lui, tant de gloire à ramasser, tant de filles à draguer…

Il commença à voir toute sa vie défiler devant ses yeux. Puis il sentit une chose énorme le frôler et faucher le spectre de plein fouet. Le projectile continua sa course et défonça le mur de l’auberge avant d’exploser dans une gerbe de flammes. Ryd fut projeté au loin et s’écrasa douloureusement sur le sol meuble. Il cracha la terre qu’il avait dans la bouche. Deux bottes de cuir noir se plantèrent devant lui. Il leva les yeux sur Nelphilÿm qui tenait une arme fumante dans la main. Un drôle de construct était arrimé à son visage, lui donnant un œil insectoïde des plus étranges.

« Merde, je t’ai raté.
-Merci Nelphie, concéda Ryd.
-De rien monsieur le héros. Et la vieille ?
-Elle est mourue. Elle voulait sauver son clébard, j’ai rien pu faire.
-Bah, de toute façon c’est mieux comme ça, elle râlera pas parce que j’ai un peu abîmé son auberge.
-Ouep… Mais avec quoi t’as tiré ?
-Bah avec mon BLASTER
-Ton quoi ?
-Mon BLASTER, ça veut dire Bourrinisateur Létal Atomiseur de Saloperies Terminal Equiprobablement Radical. Techniquement, c’est un bombardier nain modifié et allégé à munitions auto propulsées par magie. Le canon a été tronqué, le corps renforcé, un compensateur de recul a été intégré dans la crosse. Tu vois, je le mets sur mon épaule comme ceci et après je vise et j’appuie sur le bouton et ça enclenche la mise à feu. Ça t’arrête un minotaure en ruth à deux cent pas.
-Mais, mais c’est une arme de destruction massive ! T’aurais pu me buter !
-T’en fais pas mon chou, on m’appelait Hawkeye la snipeuse à l’académie, je shootais les pigeons à l’arbalète en mangeant mon petit déj.
-La précision importe peu avec ce type d’arme ! T’as pas quelque chose de plus stylé ?
-Eh, tu me prends pour qui ? Si tu veux des tireuses en collants moulants et minijupes va dans un bordel ! Moi je fais dans la frappe chirurgicale !
-Chirurgicale ? Une ablation totale oui !
-T’es chiant. La prochaine fois tu te démerdes tout seul.
-Si tu pues de la gueule, lave les pieds du bouddha et chante une berceuse. Celui qui craint la lumière attrape des coups de soleil. »

Ryd regarda longuement Shonhïm. Dire que le moine était clean… Heureusement qu’il n’était pas défoncé, ça aurait été bien pire que ça. Mais dans un sens, il avait raison.

« Sinon, pendant que monsieur jouait les héros solitaires, on a reçu un message sur notre boîte. »

Le sang de Ryd ne fit qu’un tour.
« Quel message ?
-Message un : Enlarge your penis ten centimeters. Du spam, j’ai supprimé. Sinon message deux : « Retrouvez moi à la clairière du clair de lune avant le matin, urgent, Erd. »
-Mince, un message de Bordeldem ! Hardi compagnons, en route vers de nouvelles aventures ! »

Et comme un seul elfe, le Trièdre abandonna l’auberge en flammes et s’enfonça dans les ténèbres de la nuit vers leur destin.

trop fort , j'aime vraiment bien Nephi : " la frappe chirurgicale " xD

la suite! la suite!

franchement, rien à dire !

Je suis trop fan !!!